L’été dernier, le Québec a eu l’honneur d’être l’hôte des tout premiers championnats mondiaux de vélo de montagne électrique. À une certaine époque, l’idée d’un tel événement aurait été interprétée comme une blague de mauvais goût. Pas en 2020. Le vélo de montagne à assistance électrique connaît un développement flamboyant.
Vélo à assistance électrique versus modèle musculaire
Bien sûr, un VAE de montagne aidera un novice à gravir aisément des côtes sans brûler trop d’énergie. Par contre, le poids ajouté de cette assistance (moteur, batterie et système) sur un vélo complet fait osciller la balance aux alentours de 20 à 24 kg dans le cas d’un modèle moyen de gamme. Ce poids jumelé à la puissance du moteur en mode turbo peut surprendre un pilote inexpérimenté.
La limitation d’assistance de tout VAE est établie à 32 km/h au Canada et aux États-Unis, et à 25 km/h dans la plupart des pays d’Europe. Si cette vitesse est parfois considérée comme trop basse pour les routiers, elle est plus que suffisante sur les sentiers. Notons qu’au Québec, le port du casque est obligatoire et qu’un cycliste de moins de 18 ans doit être titulaire d’un permis de classe 6D (cyclomoteur).
Mis entre les jambes d’un pilote d’expérience, un VAE va bien au-delà du simple soutien au pédalage. Il fait franchir de courtes sections très escarpées et accidentées sans nécessité de mettre pied à terre. Ce coup de pouce permet l’utilisation d’un vélo à fort débattement, si agréable en descente, surtout sans la pénalité du poids supplémentaire à traîner jusqu’au sommet. Dans l’Ouest canadien, les adeptes de longue descente qui utilisaient des camionnettes pour retourner au départ du sentier troquent peu à peu la combinaison vélo de montagne et véhicule à essence contre un VAE. Toujours ça de gagné…
Aussi, oubliez les pneus étroits (2,2 po et moins): l’augmentation de la marge de manœuvre et de l’adhérence du pneu large est hautement appréciable, appariée au système électrique.
Aspect technique
Les caractéristiques des moteurs des VAE de montagne sont généralement différentes de celles des moteurs qui équipent les VAE de route. Sur le bitume, l’autonomie et la fluidité sont à l’avant-plan alors que sur les sentiers, une grande force de couple et une accélération franche sont indispensables.
Autonomie
En montagne, il est difficile de chiffrer en distance une autonomie de batterie. La nature dynamique et variable de la discipline (beaucoup de côtes abruptes, accélération franche) crée une forte variabilité dans les résultats. On espère en moyenne rouler de une à trois heures ou de 20 à 40 km, dépendant du terrain et du niveau d’assistance demandé. Des batteries d’appoint glissées dans le porte-bidon accroissent l’autonomie jusqu’à cinq heures de bonheur, en mode économie.
Batteries
Les batteries sont habituellement intégrées à l’intérieur du tube diagonal. Elles sont fixes ou amovibles – à considérer selon vos préférences de recharge. Une recharge complète prend entre quatre et six heures. Une batterie a une espérance de vie d’environ 1000 cycles de charge. Son autonomie totale décroît légèrement après trois à cinq ans, sans toutefois affecter la puissance.
Moteur
Le principal désavantage du moteur dans le moyeu est sa répartition de poids plus prononcée vers l’arrière. Cela nuit considérablement à la maniabilité du vélo et au travail de la suspension arrière. C’est pour cette dernière raison que ce genre de moteur est présent presque uniquement sur des montures bon marché sans suspension arrière. C’est maintenant le moteur pédalier qui est de loin le plus répandu. Son centre de gravité bas et au milieu du vélo aide à garder une bonne manœuvrabilité malgré le poids additionnel.
En août dernier, à Mont-Saint-Anne, la présence à la ligne de départ sur un vélo assisté de Julien Absalon, Jaroslav Kulhavý et Christoph Sauser, dont le palmarès combiné de leurs carrières totalise une dizaine de championnats du monde et trois médailles d’or olympiques, a fait taire toute critique osant mettre en doute la crédibilité de la discipline.
Contrairement à leurs comparses de la route, les cyclistes de montagne ont accueilli l’électrification de leurs montures avec enthousiasme. Les puristes y voyant une tricherie sont moins nombreux, possiblement parce les VAE de montagne permettent avant tout de sortir des sentiers battus, l’essence même de la discipline. Au surplus, sur les sentiers, le cycliste moyen est attiré davantage par le plaisir de la descente et du pilotage que par l’entraînement forcené.
Le VAE est donc un outil de choix pour jouer dans les sentiers et répéter un maximum de fois une section technique. Au final, l’énergie dépensée sera sans doute la même, une dose de ravissement en prime. Ainsi, les VAE de montagne, conçus pour les demandes propres à ce nouveau sport dont la popularité ne cesse de croître, dénotent maintenant une maturité.
Composantes spécifiques aux VAE de montagne
Chaîne
Si vous avez un moteur au pédalier, préférez une chaîne spécifique au VAE, qui présente une résistance accrue aux forces de pédalage supérieures.
Moyeu
Lors de l’utilisation d’un moteur pédalier, on recommande que le moyeu arrière ne comporte qu’un petit nombre d’engagements par tour au niveau du mécanisme du corps de cassette, car en règle générale, plus le nombre d’engagements est élevé, moins le moyeu arrière est fiable face à une forte force de pédalage. Dès lors, dans le cas d’un VAE, DT Swiss déconseille ses moyeux à 36 et 54 engagements et conseille ceux à 18 et 24.
Leviers de vitesse
En raison de la force supplémentaire apportée par l’assistance électrique, changer de trois braquets d’un coup risque de tordre le dérailleur. C’est pourquoi les manufacturiers de leviers de vitesse comme Sram limitent à un seul à la fois le changement de pignon possible à l’activation du levier.
Freins
De bons freins à disque hydrauliques sont requis. Le diamètre des disques d’un VAE de montagne est supérieur à celui des vélos classiques, dans le but de dynamiser la puissance de freinage.
Fourche
Les fabricants de fourche proposent également des produits spécifiques. Il s’agit principalement d’ajout de matière, par souci d’en renforcer la solidité. Par exemple, en vue d’augmenter leur épaisseur, les plongeurs de la Fox 34 E-Bike ont 34 mm de diamètre externe mais possèdent des cartouches internes de plongeur de 32 mm.
Entretien particulier
Si vous roulez souvent dans la boue ou que vous lavez votre vélo fréquemment, vérifiez de façon périodique qu’il n’y a pas de corrosion sur les connecteurs accessibles. Une mise à jour régulière du logiciel interne est parfois appropriée (dépendant du modèle). Mises à jour ou diagnostics du système électrique devront être faits chez votre détaillant autorisé. Quant au reste de l’entretien mécanique, il est le même que celui d’un vélo standard.
Quelques modèles de moteur pédalier
Bosch Performance Line CX
L’assistance progressive, qui se fait en fonction de l’effort déployé par le cycliste, rend le comportement de ce moteur fluide et naturel. Ce moteur est très puissant, voire le plus puissant, quoiqu’un peu bruyant
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Shimano Steps E8000
À 2,8 kg, c’est l’un des plus légers et compacts sur le marché. La fiabilité et le support du géant japonais vous laisseront rouler l’esprit en paix.
Yamaha PW-X2
Ce nouveau modèle possède un couple maximal plus élevé et un temps de réaction plus court que son prédécesseur. L’ajout du mode de choix d’assistance automatique, qui s’ajuste en fonction de la pente, est pareillement un atout.
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Rocky Mountain Powerplay
Moteur pédalier spécialement mis au point pour les vélos de l’entreprise beauceronne, son intégration est impeccable. Le couple maximum de 108 Nm est le plus élevé des moteurs sur cette liste.
SL 1.1
Le dernier-né de Specialized, qui équipe le Levo SL, pèse un très modeste 1,95 kg en échange de 240 W de puissance et d’un couple de 35 Nm. Outre son poids plume, sa principale qualité est de se faire oublier.
Quelques modèles de VAE
Haibike SDuro HardNine 4.0
Les VAE de montagne sont la spécialité de cette compagnie allemande. L’abordabilité de ce vélo est due au cadre rigide, qui ne compromettra pas sa fiabilité. Un moteur Yamaha PW-ST à batterie de 500 Wh offre une bonne performance à un prix raisonnable. Les courbes très distinctes des cadres Haibike vous feront sortir du lot.
3499$ / haibike.com
Devinci AC NX 11S
Vous vivez pour les descentes enivrantes? L’alliance d’un débattement arrière de 170 mm, d’une fourche Fox Float 36 de 180 mm de débattement et de pneus Maxxis Minion DHF 27,5 x 2,8 forme une véritable bête de descente. Et le moteur Shimano Steps E8000 vous assure un retour au haut de la montagne sans que le télésiège soit nécessaire.
7299$ / devinci.com
Moustache Samedi 27 Trail 6
Ce modèle revêt un habillage haut de gamme tant du côté mécanique, avec la transmission Shimano XT 12 vitesses, que du côté électrique, avec le moteur Bosch Performance Line CX. Les 150 mm de débattement vous laisseront descendre avec confiance, et grâce à la batterie de 625 Wh, vous grimperez longtemps.
8299$ / moustachebikes.com
Rocky Mountain Instinct Powerplay Carbon 70
Le cadre en carbone, l’intégration irréprochable de l’ensemble électrique et une géométrie quasi identique au Instinct sans moteur donnent une conduite se rapprochant au maximum de celle d’un vélo non assisté. La possibilité de changer la taille des roues (29 ou 27,5+) et de modifier la géométrie (grâce au système Ride-9) démontre sa remarquable polyvalence.
9499$ / bikes.com
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Specialized S-Works Turbo Levo SL
C’est l’équivalent d’un Stumjumper avec des ailes. La nouvelle version du Levo pèse un modeste 17 kg. Si le moteur contribue à la montée, il sera facile de l’oublier en descente tant il n’influence pas le comportement du vélo. Le Levo SL est le modèle idéal pour ceux qui hésitent à investir dans l’assistance électrique. Plusieurs modèles, vendus à partir de 8699$.
16 999$ / specialized.com